5 Février 2019
Première manifestation quasi-commune entre syndicats et Gilets Jaunes dans les Vosges mardi dernier. Un cortège disparate, somme de tous les mécontentements, ou l'on retrouvait des salariés d'Elivia dont l'unité de production d'Eloyes est menacée de disparition, l’intersyndicale CGT, FO, Solidaires et FSU et des membres de France Insoumise ou du PCF. Malgré les tentatives du gouvernement pour désamorcer la crise sociale, le soutien aux Gilets Jaunes est encore élevé ( 65% de la population suivant le baromètre mensuel YouGov réalisé entre mercredi 30 et jeudi 31 janvier). Une manifestation qui symbolise le début d'une convergence des luttes ou de l'éclatement du mouvement des Gilets Jaunes ?
Environ 400 manifestants en gilets jonquille ont préféré rester en queue de cortège et ne pas se mélanger avec les « politiques », bifurquant au gré du moment en centre ville plutôt que de rester coincés par l'avancement lent de l'avant-garde syndicale. « C'est ça ou on venait pas. Solidaires avec le monde du travail cela ne va pas dire qu'on va se laisser récupérer » explique Gilles de Mirecourt en goguette rue Aubert avec 300 GJ .
Interrogés sur leur présence avec les syndicats, les Gilets Jaune nient toute convergence. « Après avoir tant de fois répété qu'on était apolitiques et pacifiques, ce serait incohérent. On reste nous-même, même si une partie des GJ des Vosges sont montés à Nancy par solidarité » précise Marie-Ange de Dompaire, drapeau gitan sur l'épaule, de conserve avec Audrey en surpyjama Licorne-Arc-en-ciel emblématique de leur équipe de Minions nomades, régulièrement présents à Golbey, Mirecourt et Bulgnéville.
Aldo retraité de Sainte Marguerite et Bérengère d'Anould se sont mis sur leur 31, chapeau sur la tête et nœud papillon jaune fluo au cou, « on peut manifester en étant chic tout de même » plaisante-t-ils. Toujours aussi déterminés ils s'expriment sur les solutions proposées par le gouvernement qu'ils considèrent insuffisantes : « C'est que des miettes. A Paris on s'est fait gazer, le grand débat c'est un enfumage. On reste dans les rideaux de fumées. On ne lâchera pas. A Sainte Catherine cela fait 80 jours qu'on tient jour et nuit et on continuera jusqu'à ce que Macron quitte le pouvoir ». Pour Jeanne d'Epinal, qui oscille entre Gilets Jaunes et syndicats de retraités, c'est la totalité de l'organisation politique et des corps intermédiaires qui est à retravailler: « Une bonne Assemblée Constituante pour mettre de l'ordre dans nos normes, avec un Référendum d'Initiative Citoyenne à tous les niveaux pour contrôler les élus en cours de mandat et tout sera réglé. On n'aura plus qu'à choisir démocratiquement s'il faut conserver les ploutocrates au pouvoir et ce qu'il faut faire pour défendre notre qualité de vie. Le mépris c'est fini, le pouvoir doit rester au peuple ».
Derrière les banderoles et délégations du Nouvel Hopital d'Epinal ou du Centre Hospitalier des Trois Rivières de Chatel, Sandy prof d'anglais à Golbey défile avec une vingtaine d'enseignants de FO, s'opposant à la réforme Blanquer. Une véritable « galère » suivant ses termes: « En plus d'être élitiste cette réforme pratique sournoisement un nivellement par le bas. En mathématique on va mélanger les techno et les ex-filières S, cela ne va profiter à personne car il va y avoir des niveaux très différents. On n'aura que des classes disparates de près de 30 élèves. Ce n'est vraiment pas la bonne solution ». Aucun incident n' a été relevé sur le parcours ( si ce n'est un certain agacement des commerçants de l'hypercentre à cause des soldes poussives et d'une manifestation dissuasive pour les clients ) en dehors des boucles anarchiques des GJ qui ont déstabilisé les forces de police. Il est vrai que tous les participants étaient vosgiens et qu'aucun n'avait le visage dissimulé...